Fukushima 3, Jean Pierre Balpe

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Voix de synthèse.
Dans cette proposition sonore, il s’agit de réduire au minimum la subjectivité d’auteur, d’où l’utilisation de voix de synthèse (sauf dans Fukushima 4 ou c’est la propre voix de Jean Pierre Balpe)

Fukushima is a generator which produces texts automatically.

Dans le cadre de l’enquête »Engagement, Résistance, Usage Social » initiée par la revue l’Autre Musique, sur la participation au projet de Dominique Balaÿ « Meanwhile, in Fukushima »,, voici les réponses au questionnaire de Jean-Pierre Balpe pour son vidéopoème : Fukushima.

Pourquoi avez-vous choisi de participer au projet « Meanwhile, in Fukushima » ? En quoi « Fukushima » est-il un événement pour lequel on peut s’engager ?

Fukushima est un événement mondial qui ne peut pas ne pas nous concerner en tant que résidents sur la petite planète terre, il est pour moi comme le symbole des conflits de plus en plus puissants entre les forces de la nature et celles que, par nos choix techniques, nous nous efforçons de dominer. L’homme, en tant qu’espèce, s’efforce d’échapper à sa condition naturelle mais cela ne se fait pas sans drame. Il y a là pour moi toute une nouvelle mythologie qui devrait donner des opéras.

Quels sont les choix sonores, de compositions, de dispositifs… qui traduisent votre engagement ? Ou comment votre engagement passe-t-il dans votre musique ?

L’essentiel de mon travail consiste dans la recherche d’outils s’attaquant au cœur même de ce qui est le propre de la nature humaine, ce qui le différencie de toutes les autres espèces : le langage. C’est ainsi que depuis des années j’ai réalisé des logiciels destinés à produire des textes littéraires en langage naturel, c’est ainsi également que j’utilise le plus possible d’autres outils pour créer des textes « automatiques » : bases de données, récupérations automatiques de textes, traduction automatique, etc. Tous ces outils me permettent d’affirmer l’inéluctable dénaturalisation de l’espèce humaine. En effet, dès lors qu’un logiciel peut écrire de la poésie, qu’en est-il de cette spécificité humaine. Bien entendu, il y a un programmateur derrière le programme et la problématique prend la forme des emboîtements de poupées gigognes. C’est en partie ce qui en fait l’intérêt : comment l’humain peut-il penser et produire lui-même sa propre dénaturalisation ?

En ce qui concerne le projet Fukushima, j’ai donc réalisé un générateur de poèmes obsessionnels qui peut produire une infinité de textes et qui pourrait, par exemple, être utilisé dans une installation comme texte infini. Ceci a donc la forme d’une litanie, une litanie de la catastrophe. C’est cette forme qui a guidé le choix de mes illustrations musicales car je ne suis pas moi-même compositeur. Ces illustrations vont du silence absolu à des montages que j’ai réalisés moi-même à partir d’outils numériques. Je ne voulais rien de sophistiqué, mais des réalisations sonores aussi rudimentaires, sommaires, brutales que les effets des catastrophes elles-mêmes.

De plus j’utilise beaucoup les voix de synthèse et, ayant conçu dès l’origine le générateur Fukushima en fonction des possibilités des traducteurs automatiques, j’ai fait traduire automatiquement des fragments de ce poème infini dans diverses langues. Il y a donc toute une série de vidéos « Fukushima » et il m’est possible, à tout moment, d’en produire rapidement d’autres.

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Jean-Pierre Balpe est un écrivain et chercheur dans le domaine de la relation entre littérature et informatique.
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