Koji Nagahata

Koji Nagahata est professeur/chercheur en acoustique et en sound design à l’université de Fukushima. Il intervient également comme acousticien dans le cadre de programmes d’aide aux réfugiés logés dans des conditions précaires où l’acoustique a été totalement négligée. Il me reçoit dans son bureau situé, étrangement (mais il s’en expliquera malicieusement au cours de notre entretien), au 8éme étage du batiment Economy & Business administration. L’entretien démarre sur une description du projet qu’il mène autour du désastre de Fukushima : il s’agit pour lui de révéler les modifications du paysage sonore de la ville après la catastrophe du 11 mars 2011.

En un peu plus d’un an, il a ainsi constitué une sonothèque de plusieurs dizaines d’enregistrements, certains en écoute libre et qu’il laisse à la disposition de tous. Son projet fait suite à d’autres projets du même genre, à Kobé notamment après le tremblement de terre de 1995. L’enjeu commun de ces différents projets, nous dit il, est de rendre perceptible en quoi un évènement modifie profondément le paysage sonore d’un lieu et comment la perception et la mémoire individuelle sont amenées (forcées) à se remodeler à partir de nouvelles données sonores : la catastrophe enlève des sons (les enfants de Fukushima, cloitrés chez eux, encore aujourd’hui) ou elle en ajoute (les bruits de chantiers incessants et les alarmes de certaines stations de mesures de la radioactivité).

Koji poursuit la visite de sa sonothèque en expliquant que le profond désarroi moral des populations les pousse à fréquenter les évènements religieux qui regagnent en popularité et dans le même temps à déserter les spectacles et les foires où dorénavant il n’y a plus personne pour applaudir celui qui vient de toucher sa cible au stand de tir de la fête foraine du coin. Autant de glissements et de changements de plan et d’intensité sonore que Koji mesure et traduit dans son projet à long terme.

D’un commun accord, en raison d’une convergence qui nous parait à tous les deux aussi évidente qu’heureuse, une partie de son travail est mis en circulation dans le projet « Meanwhile, in Fukushima ».

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Dominique Balaÿ

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