Bruno Lecat : « Mon lien avec le Japon est fort. J’ai vécu à Tôkyô de 1998 à 2002 : découverte du pays, de la culture, de la langue japonaise, de la danse butô. J’ai eu l’insigne chance de pouvoir apprendre le butô à Yokohama, dans le studio de Kazuo et Yoshito Ohno, fondateurs du butô avec Hijikata. Au cœur de cette danse des ténèbres, ankoku butô, la mémoire intacte de Hiroshima et Nagasaki. J’étais déjà très sensible au thème de l’atome avant d’aller vivre au Japon ; l’expérience du butô, la visite des villes bombardées, ont nourri mon imaginaire fasciné et horrifié par ces évènements. Vingt ans après, je lis le livre de Ludovic Bernhardt : son écriture et l’originalité du projet me séduisent ; le lire ne suffisait plus : il fallait le renvoyer sur les ondes, puisque d’ondes il s’agit. Je découvre en chemin le projet de Dominique Balaÿ, auquel Ludovic me propose de participer en envoyant ces deux minutes seize d’irradiation sonore. Je ne me prévaux ici que de mon amour pour le Japon, du désespoir qui m’a étreint un certain 11 mars 2011, quand une triple catastrophe crucifie le pays. Alors, si le Japon et avec lui tous les pays sont marqués du sceau irréversible de la Technique, il importe que des voix continuent de faire entendre ce qui, depuis, ne cesse pas de se passer. »
Ludovic Bernhardt est écrivain et artiste, diplômé du Fresnoy ; il vit et travaille à Nogent-sur-Marne, résident à Guy Loë (Maison de Arts Bernard Anthonioz). À travers divers médiums — écriture, installation, art numérique, lecture-performance, etc. — il crée une œuvre multiforme qui, en manipulant des signes idéologiques contemporains, questionne certains symptômes de la mondialisation. Son travail est représenté par la galerie Sanatorium, et est publié aux éditions Jou et aux éditions LansKine. Ludovic Bernhardt est actuellement doctorant en recherche-création à l’Université Paris 8, EDESTA, Ecole Doctorale Esthétique, Sciences et Technologies des Arts, labo AIAC.
Réacteur 3 a reçu le grand prix SGDL de poésie en 2022.
Bruno Lecat est enseignant de littérature française, plasticien, traducteur et écrivain. Il vit actuellement près de Montpellier. Il collabore régulièrement aux ateliers du Tiers Livre de François Bon, et partage ses lectures dans des podcasts diffusés sur son site personnel, L’Oeil a faim, et sur Anchor ou Spotify. Il a publié Ecritures du monde (BoD, 2015) et Archéologies ferroviaires (Jou, 2022). Il porte un intérêt marqué aux catastrophes nucléaires, thème d’œuvres plastiques, et au cœur d’articles sur le butô, sur « Pluie noire » de Shoei Imamura, ou de textes travaillés par l’idée de la disparition.
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