Lorsque la catastrophe de Fukushima a eu lieu, j’étais déjà en contact avec des artistes japonais. J’avais eu l’occasion de préparer des programmes pour websynradio mais je n’étais encore jamais allé au Japon, un rêve depuis très longtemps, déjà enfant. Un de mes lointains ancêtres a été conseiller du Shogun, c’est lui qui a construit l’arsenal de Yokohama, et son épopée dans les premiers temps du Japon moderne a nourri la légende familiale. Il a même un musée qui lui est consacré là bas. En plus de ce lien, j’ai une sensibilité politique sur certains sujets assez proche des verts, et plus généralement, la pensée écologique m’intéresse. J’ai donc tout de suite prêté une attention inquiète à ce qui se passait là bas, le tsunami d’abord puis les explosions à la centrale de Fukushima Daichi. J’ai vécu ces événements en direct comme tout le monde. Et j’ai senti que nous touchions là quelque chose de terrifiant, qui dépassait la mesure humaine. Y compris dans le traitement médiatique de la catastrophe et dans tout ce qu’elle supposait en terme d’errements politiques et de mauvais choix dans la gestion de la crise. Jour après jour, c’était assez accablant, mais heureusement j’ai trouvé un moyen de ne pas être écrasé émotionnellement par ce qui était en train d’arriver. Il se trouve que je venais juste de terminer un programme pour webSYNradio avec John Zorn, et celui ci m’a dit qu’il comptait organiser une soirée de soutien dans son club New Yorkais. Il m’a invité à me joindre à lui pour enregistrer et diffuser la soirée en direct sur websynradio. Cela a été une soirée mémorable, et a marqué durant l’été 2011 le véritable point de départ du projet « Meanwhile in Fukushima« .
Après la soirée et la retransmission à The Stone, je me suis senti de plus en plus concerné et j’ai voulu continuer à me rendre disponible. « Aider » est un bien grand mot, en tout cas faire quelque chose. Ne pas rester passif, comme cela avait été le cas au moment de Tchernobyl où j’étais alors trop jeune pour comprendre ce qui arrivait et pour démêler les enjeux cruciaux liés au nucléaire. Même si je ne suis pas militant, je voulais faire quelque chose. C’est ainsi que le projet de me rendre à Fukushima a pris corps. J’ai rédigé une note d’intention pour expliquer mon projet de constituer une collection d’enregistrements sur place et inviter des artistes à travailler dessus. Cette note a circulé un peu partout, et j’ai reçu le soutien de l’INA/GRM et son co-directeur d’alors Christian Zanesi qui m’ont offert la possibilité d’organiser des résidences pour 4 artistes. Le projet était lancé ! Dans la foulée, j’ai effectué un séjour d’un mois entre Tokyo et Fukushima et j’ai pu constituer une collection d’enregistrements de près de 30h, avec beaucoup d’interviews mais également pas mal de field recordings. J’ai surtout rencontré beaucoup de personnes sur place, certaines sont devenues des amis jusqu’à aujourd’hui. La catastrophe et l’émotion qui était encore très forte en 2012, ont été de formidables accélérateurs en terme de relations humaines: alors que les japonais sont réputés plutôt réservés, et n’aimant pas trop le contact, là on passait tout de suite aux embrassades. Cette amitié me porte encore aujourd’hui et me donne de l’énergie pour continuer d’animer ce projet.
Dominique Balaÿ
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