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Extrait d’un travail en cours : composition sonore effectuée par Aurélien Chouzenoux pour le projet Médée-Fukushima.
Excerpt from a work in progress: sound composition performed by Aurélien Chouzenoux for the project Medea-Fukushima.
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L’accident nucléaire de la centrale de Fukushima pose de manière décisive la question de la mise en récit d’un phénomène invisible, intraçable et durable. Le concept de catastrophe, formé sur la dramaturgie grecque, n’est plus opératoire pour rendre compte de cette nouvelle catégorie de phénomène. C’est le problème théorique formulé par Yoann Moreau (EHESS/CNRS) dans « Fukushima n’est pas une catastrophe » : il n’y a pas de concept pour traduire le drame à l’œuvre dans un accident nucléaire, pas de concept et – surtout – pas de dramaturgie. Nous manquons de ressorts tragiques pour rendre compte de drames ponctuels et domestiques dispersés dans l’espace et dans le temps, mais dont la somme, au fil des années devient massive.
Les accidents nucléaires accroissent un bruit de fond qui incommode le vivant et accroît la probabilité de ses dégénérescences. Cela pose un problème théorique (Fukushima n’est pas une catastrophe, comment peut-on la qualifier ?) et un terrain d’étude académique (les données concrètes qui concernent Fukushima). Cela pose également question du point de vue dramaturgique : comment faire spectacle d’une tragédie sans catastrophe ? Le bruit de fond peut-il constituer un spectacle sans pour autant devenir signal ? Comment fonder une intrigue sans émergence d’un dénouement ? La radioactivité affecte le vivant de manière organique, en deçà de tout registre de prédication. Autrement dit, quoi que l’on en dise, quoi que l’on en pense et quoi que l’on fasse, l’accroissement de la présence d’isotopes radioactifs est une donnée avec laquelle il s’agit désormais de composer dans notre chair. Dès lors, comment fonder une intrigue sur des processus qui se produisent à l’échelle cellulaire, de manière insensible, sous la forme d’un stress organique. Comment mettre en scène une ambiance organique dont les protagonistes ne sont pas conscients ? Comment rendre compte d’un drame qui se joue en deçà de ce que nous sentons?
Texte extrait du projet MEDEE/FUKUSHIMA (CIE JOURS TRANQUILLES, création 2012/2013)
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Avec les accidents survenus à Tchernobyl et Fukushima, nous sommes confrontés à un nouveau type de catastrophe. Après une phase spectaculaire, ces catastrophes se mettent à générer un bruit de fond persistant et incommodant. Elles deviennent invisibles, inexorables, pure expression d’un phénomène atomique. Le concept de « catastrophe » lui même, tel que défini par la dramaturgie grecque, n’est bientôt plus opérant pour décrire ce nouvel ordre des choses.
Le metteur en scène Fabrice Gorgerat a réuni des comédiens, des musiciens, des scientifiques et des artistes pour une tentative d’exploration de cette nouvelle réalité en mettant en relation le mythe de Médée (via Euripide) avec le phénomène de catastrophe nucléaire. Cela revient à examiner comment la forme tragique peut révéler la nature latente de la catastrophe. Le mythe doit nous permettre de saisir un enchevêtrement d’intrigues tout en dégageant une lecture de la dramaturgie singulière à l’œuvre à Fukushima.
Une pièce de théâtre, sorte de road-movie atomique, sera le résultat de ce travail, programmé en Mars 2013 au théâtre de l’Arsenic à Lausanne, en Suisse, puis dans les Halles de Sierre en Avril. Une étape intermédiaire du travail sera présentée le 20 Décembre 2012 à Collectif 12, à Mantes la Jolie (près de Paris).
Outre la création théâtrale, une recherche musicale / sonore sera menée tout au long des différentes étapes de la création. Comme un écho de notre recherche, ce travail sonore est destiné à être diffusé indépendamment de l’œuvre théâtrale.
L’extrait en écoute sur le projet Fukushima open sounds témoigne de la composition sonore en cours.
Aurélien Chouzenoux, en collaboration avec Fabrice Gorgerat et Yoann Moreau
Médée – Fukushima (Cie Jours tranquilles)
Kodai Arkhaikos – scoop it
Photo Estelle Rullier (idem ci dessus)
With the accidents of Chernobyl and Fukushima, we are confronted with catastrophes of a new order. Far from being more spectacular they are more like insidious background noise. They have become invisible and slow, in continual diffusion, atomic in nature. The concept of the catastrophe (as defined by ancient Greek dramaturgy) is no longer sufficient for us to understand this new category of phenomenon.
The director Fabrice Gorgerat has brought together actors, musicians, scientists and performers in an endeavor to bring the reality of this new kind of catastrophe to light through the coupling of Euripides’ Medea with the phenomenon of nuclear disaster. It becomes a question of examining how the tragic form may reveal the nature of latent catastrophe. The myth will allow us to seize upon a certain tangle of intrigue while attempting to decipher Fukushima’s very particular dramaturgy.
A theater piece, an atomic road-movie, will be the result, programmed in March 2013 at l’Arsenic theater in Lausanne, Switzerland, then in the Halles de Sierre in April. An intermediary stage of the work will be presented the 20th of December 2012 at Collectif 12, in Mantes la Jolie (next to Paris).
Besides the theatrical creation, a music/sound research will be conducted throughout the various stages of the creation. An echo of our research, the work is intended to be diffused independently of the theatrical work. The present contribution to the Fukushima open sound’s project is an excerpt of the sound composition in progress.
Aurélien Chouzenoux ,
with Fabrice Gorgerat (director) & Yoann Moreau (Ethno-physician)
Aurélien Chouzenoux est concepteur sonore (Cie Michèle Noiret, Cie Rodrigo Garcia), compositeur pour diverses productions discographiques (labels Expressillon, Kompakt, Station 55, Le passe-muraille, Subsounds, Re-load, Rosebud…. ) et scéniques (Cie Jours Tranquilles, Clinic Orgasm Society). Il participe aussi à plusieurs collaborations artistiques et techniques en Afrique de l’ouest.
Diplômé de l’INSAS, il réalise également des installations audiovisuelles (Aristoklas, Kunstfestivaldesarts/LaVillette, inspiré par « expériences mescaliniennes » de Henri Michaux).
CD « Cafeneon », composé et produit avec Cristian Vogel à Barcelone. distribution Kompakt. Label : Station 55 (Aristoklas asbl)
Fabrice Gorgerat est metteur en scène, il dirige la compagnie » Jours Tranquilles » à Lausanne.
Yoann Moreau est ethno-physicien, notamment chargé de cours « Risques,Catastrophes et fins des mondes » à l’ENPC de Noisy, France.
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